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Conférence du CRASC: Les traces du chaâbi en Algérie.

Animée par Réda DOUMAZ, Membre du projet: Patrimoine, Pratique culturelle et artistiques en mouvement

Le jeudi 14 janiver 2016 à 10h00.

(Au siège du CRASC).

Juste après la nuit des temps, et depuis l’avènement de l’homme, le Chant parait comme lui étant inné au même titre que le langage…

L’homme fut, et le Chant aussi ?

 

Existe-t-il un seul peuple, le moins exposé fut-il à toute forme de civilisation, qui ne jouit pas d’un Chant à l’image de la nature qui l’entoure ; ses humeurs ; ses sentiments ; son génie… ?

L’humanité s’est entendue autour de Jibrane Khalil Jibrane , à savoir que le Chant ,et par conséquent la musique, seraient l’Arcane de l’Existence…

Il est établi qu’à travers les âges chaque société, partant de ses propres aptitudes culturelles et cultuelles, et se brassant avec d’autres apports du même type…finit par s’établir dans un verbe et un chant qui la distinguent de toutes les autres…

En ce qui concerne l’Afrique du Nord et de l’Algérie en particulier, le genre Chaabi, objet de notre rencontre, est le fruit d’un amalgame heureux de plusieurs filiations depuis : l’héritage musical Greco-Persan ; l’Ecole Classique Arabe des ‘Udistes (Ma’bad/Ibrahim et Ishaq Al Mawcili/Al Kindi du VII-VIIIe siècle) ;l’Ecole Andalouse de Zyriab au VIIIe siècle ; l’Ecole Maghrébine Ancienne de Ibn Bajja au VIIe siècle qui se déversa chez nous en Gharnati, Sanaa, Malouf, Hawzi et ‘Arobi …Depuis la fin du XIXè. Siècle à nos jours, il est plausible d’asseoir ce Genre majeur qu’est le chaabi sur les apports des :-traditions des panégyriques ;-des contes et légendes ;- pratiques mystiques ;-rites et cultes ;-modes andalous ;-chants pour les circoncisions et mariages…Tout en sachant que d’abord il y a le verbe en sa forme de poésie d’expression populaire dite « Melhoun » qui est dite dans les langues maternelles….

On a tendance à réduire la musique Châabi à l’algérois. Au delà des clichés et des mythes qui entourent ce genre musical, à ce jour, nous n’avons qu’une variante anecdotique d’une histoire bien plus complexe. Mais ne faut-il remonter les racines d’un chant populaire qui n’a pas fini de se livrer. Autour des personnages qui ont marqué cet art et des sèves qui les ont nourris, il s’agirait, de façon vivante, de lieu en lieu ; depuis la mémoire des lieux, de remonter le cours de ce grand mouvement qui, par sédimentation, a produit une forme musicale et poétique particulière.

Structuré fondamentalement, dans ses modes et ses variations, par la musique Maghrébo-andalouse, il se libérera de ses raideurs pour s’affirmer en s’appropriant des legs bien plus anciens, notamment berbères. Musique vivante et ouverte, elle se nourrira naturellement des apports de son époque, de par la structure de l’orchestre, mais aussi par l’écoute et l’attention portée aux œuvres des grands centre de la production musicale mondiale du moment. En raison de leur proximité, le chaâbi puisera aussi l’une de ses sèves dans la hadra des musiques confrériques mais aussi dans toutes les formes musicales maghrébines.

Sur un même fond poétique, le chaabi produira de nouvelles sonorités et fera connaitre et aimer les plus grands poètes maghrébins essentiellement auprès des couches populaires opprimées par le joug colonial. Le chaâbi sera l’un des chants du ghetto « indigène », un chant de liberté, des peines et des joies, sur l’immense registre thématique du religieux comme du profane.

Ne serait il pas intéressant de s’en aller de ville en ville et dans tous les hauts lieux de la mémoire du chaâbi, dans tout le nord de l’Algérie mais aussi dans le Sahara, à la recherche des traces et des filiations, des cheminements et des sédiments , ainsi que des personnages, veilleurs de la mémoire, et qui seraient nos guides dans cette quête de l’histoire d’un chant populaire, devenu, par la force de ses talents, une musique nationale…..

N’est il pas temps d’interroger nos universitaires sur les ebullitions sociaux-politiques, qui auraient permis l’émergence de cette forme d’expression qu’est ce genre……

Par ailleurs et à ce jour, l’ambiguïté du couple «Med’h/Chaabie» persiste… et signe! L’appellation «Chaabi» a-t-elle permis une identification plus appropriée de cette forme de chant bien de chez nous ?

Quelle image peut on associer au «Med’h» et quelle autre au «Chaabi»?

Doit on confiner le «Med’h» uniquement dans le sens panégyriques /louanges au

Créateur et à toutes les évocations du sacré, de la Mecque, des prophètes et leurs

compagnons et, peut être aussi, de quelques saints hommes avérés, reconnus comme tels?

Le «Med’h» s’interdirait-il la perception du «Beau» comme la passion toute humaine pour l’autre, pour la nature, pour les mésaventures de l’homme, sources de bien de leçons et d’expériences de la vie?

Le «Chaabi» n’aurait-il été autorisé que depuis 1946, date à laquelle feu Boudali Safir, rebaptisa le genre pour le distinguer de tous les autres…

Si les «Meddahines» ne l’avaient pas fait avant cette date, qui alors aurait interprété toutes ces beaux Q’cid, mélopées empruntes de romances voire même d’érotisme et de volupté ? Ce type de poésies répondaient-elles à une autre forme de chant dont l’appellation est aujourd’hui à jamais perdue ou honteusement et traitreusement tue?

Quand on écoute exhaustivement et rétrospectivement ce qui se chantait avant 1946 (et les traces archivistiques sonores existent), il me semble que le mot «Med’h» désignait «Chant» et «Meddahines» tout simplement les «Chanteurs», au sens plein  et moderne du terme.

Il semblerait que dans les temps pas si éloignés de nous, certains corps de métiers, entre autres le «Meddah» et le «Aadjadjbi» n’étaient pas éligibles à l’union sacrée…

Ils étaient très mal vus par la société. Allez savoir pourquoi! Serait-ce du au fait que la pratique du «Med’h» dans les confréries, était plutôt assimilée à du charlatanisme et que l’ambiance des «Meh’ hachâtes» était plus ou moins bachique? Et pourtant les spécialistes avertis de notre société, peuvent nous dire si oui ou non les confréries étaient attelées à des zaouïas reconnues et que fumette et rasade existaient bel et bien, de façon culturelle et peut être même cultuelle, si l’on se réfère à nos attaches africaines…Il faudrait peut-être que nos historiens et anthropologues interviennent sérieusement pour nous aider à voir plus clair, plus juste et avancer sereinement.

Pour ce faire , un segment de recherche a été ouvert par la réalisation d’une série d’émissions télévisées (Les Arcanes Du Chaabi ) en collaboration avec Canal Algérie .Ce qui nous a amener à aller à la rencontre de « mémoires vivantes » et d’ «universitaires» afin de lever quelque peu le voile sur les ancrages du chaabi et les climats socio-politiques qui ont vu naitre et porter à l’échelle nationale ce genre d’expression lyrique. .…Alger ;Koléa ;Médea ;Blida ;Annaba ;Soukahras ;Mostaganem ;Bédjaia et Djidjel ont été des haltes dans l’histoire des ancrages du chaabi et de ses secrets.

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